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Intervention militaire en Libye : qui peut croire que c’est pour sauver les civils ?

 
 
 
 

Intervention militaire en Libye : qui peut croire que c’est pour sauver les civils ?

le 11 avril 2011

Intervention militaire en Libye : qui peut croire que c’est pour sauver les civils ?

Kadhafi, de tout temps, a oppressé son peuple, torturé, emprisonné et assassiné les progressistes de son pays. Cela n’est pas une découverte pour nous. Pourtant depuis des dizaines d’années les dirigeants des pays développés lui font des courbettes et lui vendent des armes ; celles-là même dont il se sert aujourd’hui.   Tout ce temps, les atteintes aux droits de l’Homme, les libertés bafouées du peuple libyen, n’ont pas empêché ce comportement des principales puissances capitalistes car il en allait de leurs intérêts économiques et pétroliers, seuls objectifs à leurs yeux.   Pire même, au prétexte de lutte contre une immigration qui nous menacerait, les pays européens ont donné à Kadhafi des dizaines de millions d’euros pour empêcher les départs vers l’Europe. Le résultat ? Des arrestations arbitraires et violentes, des tortures, des séquestrations illégales et des reconduites au beau milieu du désert1, y compris d’africains qui n’ont pas eu la moindre intention de venir en Europe. Il faut bien justifier les sommes perçues… Kadhafi a donc assassiné son peuple dans l’indifférence générale mais il a également tué des immigrés avec l’argent des gouvernements européens et sous le regard complice de ceux-ci.   Aujourd’hui, ces mêmes gouvernements se parent de toutes les vertus, assurant qu’ils volent au secours des peuples. Nous savons d’expérience ce qu’il en est, du Kosovo à l’Irak, en passant par l’Afghanistan et bien d’autres. A chaque fois ce prétexte a été utilisé. A chaque fois la solution s’est trouvée pire que le mal exposé. Au Kosovo il s’est même avéré que le camp des victimes médiatiques comptait dans ses rangs autant d’assassins et de violeurs -y compris contre leur propre communauté- que l’armée adverse. Nous avons la mémoire bien courte d’oublier ces leçons de l’histoire pourtant toutes fraîches.   Ils ont à leurs côtés des états comme l’Arabie Saoudite ou les Emirats Arabes Unis, qui écrasent dans le sang des révoltes populaires dans leur propre pays ou dans des pays voisins, comme à Bahreïn. Le Conseil National de Transition porté par les médias au pinacle est présidé par le dernier ministre de la justice de Kadhafi. Il comporte également un ancien compagnon d’arme du dictateur libyen. D’autres sont inconnus, peut-être d’autres démocrates se cachent-ils parmi eux… Ce conseil est tellement fréquentable que la Bulgarie a refusé de le reconnaître car certains de ces membres sont impliqués dans les tortures des infirmières Bulgares.   Avec tous ces éléments, comment peut-on croire qu’il est juste que nous intervenions ? Comment oublier qu’à chaque guerre, ce sont les civils les premières victimes car nos missiles ne font pas la différence ? Comment oublier que ces guerres ont aussi pour but de vendre des armes et d’en essayer de nouvelles ? Va-t-on comme en Irak utiliser des armes à l’uranium appauvri qui sont radioactives des années durant ? Comment oublier que la Libye est un pays pétrolier et que ces ressources qui devraient faire sa prospérité ne sont sans doute pas étrangères ni à sa situation actuelle ni à l’intervention militaire.   Ce dernier élément, avec quelques autres intérêts géopolitiques doit sans doute expliquer que cette posture de protection des peuples ne vaut ni pour les autres pays qui connaissent des soulèvements populaires, ni pour la Palestine. Le rouleau compresseur de chaînes de télévision, des radios, de nombreux journaux a bien fait les choses, comme à chaque fois qu’une intervention militaire était nécessaire pour préserver les intérêts des pays développés.   Examinons maintenant la situation militaire. Les frappes et les bombardements, dépassent le cadre de la résolution de l’ONU. Il fallait être bien naïf pour ne pas s’y attendre. Leur efficacité pour le but affiché reste à prouver. Déjà des voix militaires s’élèvent pour mettre en garde sur les risques d’impasse. De plus, dans les villes les combats se poursuivent et les civils, n’en doutons pas sont massacrés de part et d’autre. Cela aussi était prévisible. Nous pouvons maintenant nous attendre à ce que des pays proposent une nouvelle phase de l’intervention. On commencera bien sûr par des livraisons d’armes, des conseillers militaires ou des commandos et du soutien logistique… Une fois de plus il est évident que la guerre ne va rien résoudre.   Il faut également noter l’unanimisme va-t-en guerre des journalistes et de nombreux politiques, à de trop rares exceptions près. On chante les louanges militaires, la gloire de la nation et de son chef. Celui-ci se refait au passage une légitimité dont la perspective a clairement pesé dans les décisions prises. Rien de tel qu’une bonne guerre pour rendre le chef d’état inamovible et même hors de portée de toute critique, y compris sur le plan intérieur. Nous sommes « invités » à soutenir cette guerre pour laquelle les militaires partent la fleur au fusil. Cette chape de plomb a toujours été de mauvais augure et très mauvaise conseillère. Personne ne peut nier qu’une décision aussi grave que la guerre ne peut se passer de débat contradictoire. Il est tout à l’honneur du PCF de porter ce débat, de souligner et de développer tous les éléments que je viens d’évoquer. Et gardons toujours à l’esprit que les pays capitalistes interviennent militairement pour leurs intérêts et non pour ceux des peuples.   Dante BASSINO, membre de la direction du PCF Paris et de la section du 10ème arrondissement   1 : voir le rapport 2009-2010 du réseau Migreurop, p 33 à 46

 

Extrait

Kadhafi, de tout temps, a oppressé son peuple, torturé, emprisonné et assassiné les progressistes de son pays. Cela n’est pas une découverte pour nous. Pourtant depuis des dizaines d’années les dirigeants des pays développés lui font des courbettes et lui vendent des armes ; celles-là même dont il se sert aujourd’hui.   Tout ce temps, les atteintes aux droits de l’Homme, les libertés bafouées du peuple libyen, n’ont pas empêché ce comportement des principales puissances capitalistes car il en allait de leurs intérêts économiques et pétroliers, seuls objectifs à leurs yeux.   Pire même, au prétexte de lutte contre une immigration qui nous menacerait, les pays européens ont donné à Kadhafi des dizaines de millions d’euros pour empêcher les départs vers l’Europe. Le résultat ? Des arrestations arbitraires et violentes, des tortures, des séquestrations illégales et des reconduites au beau milieu du désert1, y compris d’africains qui n’ont pas eu la moindre intention de venir en Europe. Il faut bien justifier les sommes perçues… Kadhafi a donc assassiné son peuple dans l’indifférence générale mais il a également tué des immigrés avec l’argent des gouvernements européens et sous le regard complice de ceux-ci.   Aujourd’hui, ces mêmes gouvernements se parent de toutes les vertus, assurant qu’ils volent au secours des peuples. Nous savons d’expérience ce qu’il en est, du Kosovo à l’Irak, en passant par l’Afghanistan et bien d’autres. A chaque fois ce prétexte a été utilisé. A chaque fois la solution s’est trouvée pire que le mal exposé. Au Kosovo il s’est même avéré que le camp des victimes médiatiques comptait dans ses rangs autant d’assassins et de violeurs -y compris contre leur propre communauté- que l’armée adverse. Nous avons la mémoire bien courte d’oublier ces leçons de l’histoire pourtant toutes fraîches.   Ils ont à leurs côtés des états comme l’Arabie Saoudite ou les Emirats Arabes Unis, qui écrasent dans le sang des révoltes populaires dans leur propre pays ou dans des pays voisins, comme à Bahreïn. Le Conseil National de Transition porté par les médias au pinacle est présidé par le dernier ministre de la justice de Kadhafi. Il comporte également un ancien compagnon d’arme du dictateur libyen. D’autres sont inconnus, peut-être d’autres démocrates se cachent-ils parmi eux… Ce conseil est tellement fréquentable que la Bulgarie a refusé de le reconnaître car certains de ces membres sont impliqués dans les tortures des infirmières Bulgares.   Avec tous ces éléments, comment peut-on croire qu’il est juste que nous intervenions ? Comment oublier qu’à chaque guerre, ce sont les civils les premières victimes car nos missiles ne font pas la différence ? Comment oublier que ces guerres ont aussi pour but de vendre des armes et d’en essayer de nouvelles ? Va-t-on comme en Irak utiliser des armes à l’uranium appauvri qui sont radioactives des années durant ? Comment oublier que la Libye est un pays pétrolier et que ces ressources qui devraient faire sa prospérité ne sont sans doute pas étrangères ni à sa situation actuelle ni à l’intervention militaire.   Ce dernier élément, avec quelques autres intérêts géopolitiques doit sans doute expliquer que cette posture de protection des peuples ne vaut ni pour les autres pays qui connaissent des soulèvements populaires, ni pour la Palestine. Le rouleau compresseur de chaînes de télévision, des radios, de nombreux journaux a bien fait les choses, comme à chaque fois qu’une intervention militaire était nécessaire pour préserver les intérêts des pays développés.   Examinons maintenant la situation militaire. Les frappes et les bombardements, dépassent le cadre de la résolution de l’ONU. Il fallait être bien naïf pour ne pas s’y attendre. Leur efficacité pour le but affiché reste à prouver. Déjà des voix militaires s’élèvent pour mettre en garde sur les risques d’impasse. De plus, dans les villes les combats se poursuivent et les civils, n’en doutons pas sont massacrés de part et d’autre. Cela aussi était prévisible. Nous pouvons maintenant nous attendre à ce que des pays proposent une nouvelle phase de l’intervention. On commencera bien sûr par des livraisons d’armes, des conseillers militaires ou des commandos et du soutien logistique… Une fois de plus il est évident que la guerre ne va rien résoudre.   Il faut également noter l’unanimisme va-t-en guerre des journalistes et de nombreux politiques, à de trop rares exceptions près. On chante les louanges militaires, la gloire de la nation et de son chef. Celui-ci se refait au passage une légitimité dont la perspective a clairement pesé dans les décisions prises. Rien de tel qu’une bonne guerre pour rendre le chef d’état inamovible et même hors de portée de toute critique, y compris sur le plan intérieur. Nous sommes « invités » à soutenir cette guerre pour laquelle les militaires partent la fleur au fusil. Cette chape de plomb a toujours été de mauvais augure et très mauvaise conseillère. Personne ne peut nier qu’une décision aussi grave que la guerre ne peut se passer de débat contradictoire. Il est tout à l’honneur du PCF de porter ce débat, de souligner et de développer tous les éléments que je viens d’évoquer. Et gardons toujours à l’esprit que les pays capitalistes interviennent militairement pour leurs intérêts et non pour ceux des peuples.   Dante BASSINO, membre de la direction du PCF Paris et de la section du 10ème arrondissement   1 : voir le rapport 2009-2010 du réseau Migreurop, p 33 à 46

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